L'Inconnue au Lourd Passé

All Stars, All Citizens

Chaque année, lors de l'Invictus Launch Week, les rues de Lorville vibrent d'un patriotisme démesuré. Mais parfois, entre les fanfares, holo-affiches et autres discours galvanisants, une histoire vous arrête. En plein coeur du tumulte, Orlan Tavera, notre chroniqueur intersystèmes d'All Stars, All Citizens, a croisé une silhouette en marge de la fête. Une jeune femme, discrète, marquée. Ne portant ni l'uniforme de la Navy, ni les couleurs festives de l'événement. Juste une vieille cotte, un débardeur usé et ce regard de ceux qui ont vu ce que personne ne devrait voir. Ce qu'Orlan n'imaginait pas, c'est que derrière cette allure effacée se cachait Talia Stahl, 20 ans, seule survivante d'une attaque pirate sur une colonie agricole reculée de Hurston. Une colonie sans nom, balayée par la violence et l'oubli.

Ce témoignage brut, livré sans pathos mais avec une intensité désarmante, marque un tournant dans l'histoire d'ASAC. Entre douleur contenue, souvenirs d'enfance et cette décision soudaine, muette mais pleine de sens... quelque chose bascule. Par ce simple échange dans le tumulte de Lorville, Talia incarne ce que l'émission a toujours voulu révéler : l'humain derrière le citoyen. Le silence derrière les uniformes. L'avenir qui naît des cendres. Un épisode à ne pas manquer, à la fois sobre, bouleversant et infiniment humain.


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Sujet :


ORLAN TAVERA

Lorville, fin d'après-midi, au coeur de la zone piétonne.
Ce brouhaha derrière moi ?
C'est le son de l'Invictus, qui bat son plein.
Je me retrouve entre un dépôt de surplus de la Navy de l'UEE et un marchand de souvenirs en rupture de badges Invictus.
Les cris joyeux résonnent... mais... attendez... au bord du flux... un courant contraire.

Orlan Tavera pour All Stars, All Citizens.
J'ai repéré une silhouette, une absence dans la fête.
Elle semble ne pas voir les drapeaux ni les enfants sur les épaules de leurs parents.
Allons la rencontrer.

Excusez-moi... Bonjour.
Orlan Tavera, je suis journaliste.
J'écoute les gens, je raconte ce qu'ils ont à dire.
Vous seriez d'accord pour parler quelques minutes ?

INCONNUE

J'ai rien à vendre.

ORLAN TAVERA

[Léger sourire]

Heureusement, je n'achète rien. Je suis juste curieux. Vous avez un air... hors tempo. Et j'aime bien ça.

Je suis Orlan Tavera, et vous êtes ?

[Silence]

Vous êtes de Lorville ?

INCONNUE

[Hésitante]

Non. Pas vraiment. Enfin... maintenant oui, je suppose.

ORLAN TAVERA

Ça veut dire que vous venez de loin ?

INCONNUE

[Regarde ailleurs]

D'un coin de Hurston. Une colonie agricole...

ORLAN TAVERA

C'est rare de croiser des gens des colonies, pendant l'Invictus.

INCONNUE

[Ton neutre]

J'étais pas venue pour ça.

ORLAN TAVERA

Pardon si je pousse... mais j'ai l'impression que vous portez autre chose qu'un simple regard désabusé. Vous avez l'air... chargée. Et je ne parle pas de votre sac.

INCONNUE

[Soupire longuement]
[Regarde son sac en toile, qui semble vide]

C'est pas que je veux pas parler. C'est juste que... ça sert à quoi ?
Vous pouvez rien y faire.

ORLAN TAVERA

[Adoucit sa voix]

Je peux écouter. Parfois, ça suffit.

[Silence]
[Plisse les yeux, puis fixe un point au loin]

INCONNUE

On avait un champ de blé. Pas bien grand, mais ça suffisait.
Mon père disait que le soleil d'Hurston, c'est comme un vieux poêle à charbon... faut savoir le tourner à son avantage.

J'ai grandi là, avec mon frère.
Il me tirait toujours les cheveux, ou me piquait ma peluche. Bedy. Un ourson, avec une oreille en moins. Il disait que c'était son trophée de guerre.
Je hurlais, je pleurais, et Momy nous séparait comme des chats.

On s'engueulait tout le temps.
Et pourtant... je crois que je ferais n'importe quoi pour le revoir maintenant.

[Pause]
[Souffle, se mord la lèvre]

J'ai eu vingt ans y'a deux semaines.
J'me suis pas levée ce jour-là. Enfin, pas de suite. Pas pour aider. Pas pour rien. Juste pour m'allonger sous l'arbre, qui borde la colonie, là où y'a du vent.
Ce genre de journée qui ressemble à rien... jusqu'à ce qu'elle...

[Son ton change, un peu plus sec, plus distant]

Momy m'a appelée, enfin, ma mère...
Elle me cherchait, j'ai fini par aller la rejoindre, puis il y a eu ce bruit...

On a tous entendu les vaisseaux avant de les voir. Des moteurs lourds.
Au début, on a cru que c'était la Navy.
Y'a un avant-poste à vingt bornes, parfois des patrouilles passent.

Puis y'a eu un sifflement.
Une explosion.
Quelque part derrière la grange des Growell.

Après... c'est flou.
Y'avait du feu. Des cris. J'ai aperçu mon père... il courait vers la serre.
Entendu ma mère qui appelait mon frère.
Moi, j'essayais juste de respirer.
De les retrouver, j'ai couru.
Puis cette explosion.

Je ne sais pas combien de temps j'suis restée dans les vapes... mais... tout avais changé... ma maison avait été comme... pulvérisée... J'ai jamais revu personne.
Ni corps.
Ni bruit.
Juste la poussière.
Et l'odeur...
Mais eux, ils étaient là...

[Baisse les yeux]

Je ne sais pas comment j'suis parvenu à sortir, tout ce que je sais, c'est que j'ai pu atteindre la bordure de la colonie, et...

J'ai marché.
Deux jours peut-être.
Jusqu'à l'avant-poste.

Le lendemain, on m'a dit que personne n'avait survécu, que j'avais eu de la chance.
Puis une navette de l'UEE est venue me chercher.

[Sa voix devient plus basse, presque un souffle]

Depuis... je suis ici.
Je dors pas beaucoup.
J'ai rien à faire.
Personne à voir.
Juste des gens qui crient, des vendeurs de pins, et cette musique qui n'arrête jamais.

Et moi, ma famille me manque, même Bedy n'a pas survécu.
Je les ai tous laissé.

[Long silence]
[On entend au loin une fanfare de la Navy]
[Des voix d'enfants qui s'exclament en réponse à la voie retentissant d'un sergent recruteur]

ORLAN TAVERA

[très doucement]

Je suis désolé d'apprendre cela.
Vous savez... parfois, ceux qui ont tout perdu...

Qu'est-ce-que ?
Attendez...

Revenez ?

Je reste là.
Mon micro en main.
Et je réalise que parfois, les héros n'ont ni armure ni médaille.

Juste une vieille salopette et une cicatrice qu'on ne voit pas.

Je ne sais même pas son nom, ni même son prénom, elle était comme un instant suspendu.
Elle vient de se lever, sans même dire un mot, pour la voir disparaitre dans un bureau de recrutement.

Jeune inconnue... Je ne connais pas ton futur.
Mais tu viens de changer le mien.
Orlan Tavera, Lorville, une fin d'après-midi.
C'était All Stars, All Citizens.

// FIN DE TRANSMISSION

Star Citizen - Talia Stahl à 20 ans

Talia Stahl
"Heidi" à la sauce Star Citizen

ile-avalon

Talia Stahl n'est pas qu'une simple inconnue créée le temps d'un article pour ASAC, c'est aussi un fil rouge que vous retrouverez sur citizen-logbook.com pendant tout l'été. Or période évènementielle, si vous êtes un visiteur régulier du site, peut-être avez-vous déjà remarqué que la bannière d'entête tournait chaque jour. Car oui, cette dernière fonctionne un peu comme un feuilleton de l'été, chaque jour elle vous dévoilera un nouvel instant dans la vie de Talia.

Pour l'instant, ce feuilleton ne comporte que le premier épisode, une "Vie à la Ferme", mettent en image l'enfance de Talia telle qu'elle vient de nous la raconter, jusqu'à ce jour fatidique. La suite arrivera plus tard, soit au cours de l'été, soit à l'automne, le temps pour moi de savoir vers où j'oriente cette "Heidi à la sauce Star Citizen".

Va-t-elle se venger ?
Parcourir l'univers ?
Ou finalement revenir à une vie paisible ?
Ou peut-être un peu de tout cela...

Talia sera-t-elle le seul personnage du genre ?

Là encore, difficile à dire, mais je ne cache pas avoir dans l'idée de créer des destins croisés, il est donc possible que de nouveaux personnages apparaissent sur le site, et se rencontrent de temps en temps.

Quant à avoir l'histoire complète de Talia en un article ?
Pour ne pas devoir revenir chaque jour dans l'espoir de découvrir un nouvel épisode, ou de craindre de perdre le fil.

Possible...
Je peux toujours lui consacrer une fiche dans la rubrique des personnalités du Verse, où vous retrouverez une bannière tournante vous dévoilant l'ensemble de son histoire.
En cas, dites-moi si cela en vaut la peine.